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« Les Lueurs d’Aden » : un témoignage poignant du Yémen encore en pleine crise

Sorti le 31 janvier dernier, le long-métrage d’Amr Gamal dépeint la vie d’un couple, parent de trois enfants, dont le quotidien est rythmé par la guerre civile mais pas que. Isra’a et Ahmed vont devoir faire face au sujet tabou de l’avortement quand elle tombe enceinte et qu’ils se rendent compte qu’ils ne sont pas en mesure d’assumer financièrement ce nouvel enfant à venir dans un pays déjà en crise.

Pour ceux qui me connaissent, il est indéniable que le Yémen, berceau de l’arabité et du peuple arabe, occupe une place spéciale dans mon cœur. Ce pays magnifique, sa culture, ses traditions millénaires et son histoire fascinante sont la source d’une passion profonde pour moi. Ainsi, lorsque le cinéma yéménite se dresse sur la scène internationale avec « Les Lueurs d’Aden » d’Amr Gamal, c’est bien plus qu’un simple événement cinématographique, c’est un moment d’émotion et de fierté. Le réalisateur de cinéma et de théâtre yéménite indépendant, né en Pologne en 1983, est basé à Aden. Il se fait connaître à l’international avec sa pièce Ma’k Nazel , devenue la première pièce yéménite à être jouée en Europe, à Berlin.

Sorti le 31 janvier dernier, « Les Lueurs d’Aden », nouveau film du réalisateur yéménite, transporte le spectateur au cœur du Yémen, plus précisément dans le vieux port d’Aden, au sud du pays. Dans un cadre marqué par les ravages de la guerre civile, le réalisateur Amr Gamal nous offre un récit saisissant de la vie quotidienne d’une famille yéménite confrontée à l’impensable. Le film nous présente la vie d’Ahmed, qui travaillait pour la télévision mais a dû quitter son poste pour devenir chauffeur suite à de nombreux salaires impayés, et d’Isra’a, un couple de la classe moyenne qui lutte pour subvenir aux besoins de ses trois enfants dans un environnement marqué par la pauvreté, les pénuries et les dangers de la guerre… Lorsque Isra’a découvre qu’elle est à nouveau enceinte, le couple est confronté à une décision déchirante : peut-il se permettre d’accueillir un quatrième enfant dans un contexte aussi précaire ? 

L’avortement, un sujet délicat

Ce dilemme met en lumière les réalités cruelles auxquelles sont confrontées de nombreuses familles yéménites, prises au piège d’une crise humanitaire dévastatrice. En effet, le Yémen est le pays qui connaît actuellement l’une des plus grandes crises humanitaires au monde… Selon le United Nations Population Fund, en 2023, 21,6 millions de personnes avaient besoin d’une forme d’aide humanitaire, alors que 80 % de la population du pays peinait à accéder à la nourriture et à des services de base. À travers le regard intime d’Isra’a et Ahmed, le film nous plonge dans les tourments et les espoirs de ce couple.  Le sujet délicat de l’avortement est abordé avec une profondeur qui reflète les tensions religieuses et morales présentes dans la société yéménite. Dans un pays où l’Islam est la religion d’État et où les interprétations religieuses influencent souvent les décisions personnelles et sociales, l’avortement devient une question complexe et chargée de significations.

Ce qui rend « Les Lueurs d’Aden » si captivant, c’est son authenticité brute. Le film évite les clichés et les stéréotypes pour offrir un portrait sincère et émouvant de la vie au Yémen. La ville d’Aden elle-même devient un personnage à part entière, témoignant des cicatrices profondes infligées par des années de conflit et de souffrance. Le film est le premier long-métrage de fiction yéménite à être distribué en France. Cette réalisation historique ouvre de nouvelles portes pour le cinéma yéménite, offrant au monde entier un aperçu précieux de la richesse culturelle et artistique de ce pays. C’est un témoignage poignant de la résilience humaine, un hommage vibrant à la dignité et à la force du peuple yéménite. Que vous soyez passionné par le Yémen ou simplement en quête d’une expérience cinématographique profonde et émouvante, ce film ne manquera pas de vous toucher et de vous inspirer. 

Au cinéma depuis le 31 janvier 2024.

Crédit photo : Paname Distribution

Étudiant en langues et civilisations, panarabiste et cinéphile.

Comments
  • Rayhana

    Excellent article !
    Ton analyse fine et perspicace du film « Les Lueurs d’Aden » est un véritable hommage au cinéma yéménite.
    Ta passion pour le Yémen est contagieuse et ton écriture claire et élégante rend ton l’article accessible à tous.
    Je suis très fière de toi

    11 mars 2024
  • Kheir-eddine

    Une magnifique analyse ! On ressent réellement l’authenticité dans ton écriture à travers ce film. Ton amour pour le Yémen se fait ressentir à travers cet article.

    Merci pour cet article !

    11 mars 2024
  • Bijed

    Ayant beaucoup de méfiance envers les productions arabes distribué en Europe car ces derniers années vous avons assistés à des films promulguant les clichés et les mensonges sur cette civilisation, ce film me semble proche de la réalité et maîtrise les éléments socio-culturelles afin de comprendre les complexités du monde arabe.

    11 mars 2024
  • Gengis KhaaAaan

    Bonjour,
    Je reconnais bien là, l’écrit d’un passionné, vecteur d’un enthousiasme qui ne dit pas son nom. Perplexe quant à la qualité du cinéma Arabe, dont je ne vouais aucun intérêt, l’auteur m’a convaincu par la force de son engouement pour ce film.
    Partons donc à l’aventure en allant le voir!

    11 mars 2024
  • Juan

    Excellent article, merci à Mouad pour celui-ci. Je cherche de ce pas une salle pour y voir le film.

    11 mars 2024
  • Ryan

    Très bon article je connaissais pas le film ça m’a donné envie de le voir

    11 mars 2024
  • Z

    Tu as trouvé les bons mots pour nous captiver et nous influencer à regarder ce film. Tu sais transmettre tes émotions à travers des écrits simples mais efficaces. Un grand merci pour cet article !

    11 mars 2024
  • J. Rasswell

    Merci de nous parler avec le coeur de ce film. Tu dépeins là un tableau dans lequel on ne peut qu’espérer se plonger avec la meme sensibilité qui t’a été accordée.

    11 mars 2024
  • Weil

    Excellent article !
    Ce genre de sujet ultra délicat est souvent caricaturé d’autant plus lorsqu’il se déroule dans le monde arabe et islamique. Ces derniers sont eux-mêmes victimes de fantasmes et de clichés dans les différentes créations artistiques ou dans les médias. Qu’un local puisse prendre les devants sur ces sujets et donner une autre perspective de ce pays plusieurs fois millénaire est absolument nécessaire. Hâte d’aller le voir !

    11 mars 2024
  • Omar

    Magnifique l’article ! Nous sommes plongés dans cette famille yéménite qui a ce lourd dilemme. À travers tes mots, nous voyageons et prenons conscience de la difficulté de cette situation.
    À quand le prochain article ?

    11 mars 2024
  • Nora

    Merci de nous parler de cette sortie. On sent la passion du Yémen entre les lignes et ça me donne envie d’en découvrir davantage à travers ce film! Excellente review. J’attends la prochaine.

    18 mars 2024
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