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Bienvenue «Chez Nous.» la marque de Camélia Barbachi qui met à l’honneur la Tunisie

Avec Camélia, on s’est écrit, puis on s’est appelées. Elle a 24 ans et vient de lancer sa marque qu’elle a baptisée « Chez Nous. ». La jeune franco-tunisienne a choisi de rendre hommage à la terre de ses ancêtres à sa manière. On a parlé de Djerba, d’immigration, de double-identité et surtout de mode. On passe de  « Chez nous. » à chez vous !

Camélia Barbachi a 24 ans, elle est née à Roubaix, dans le nord de la France, et est d’origine tunisienne. Son père est de Tunis, la capitale du pays, et sa famille maternelle de la célèbre île de Djerba, la plus grande des côtes d’Afrique du Nord. Le rapport qu’elle entretient avec le pays d’Azzedine Alaïa ? Camélia m’explique : « Depuis petite, je me rends tous les étés en Tunisie car une grande partie de ma famille s’y trouve. J’ai toujours été très proche de ma culture tunisienne et avide d’en découvrir les spécificités. Dans mon foyer, on a toujours parlé tunisien ». Elle se reprend et ajoute « Enfin, un mix de français et de tunisien, du ‘frarabe’ ? » que l’on peut aussi retrouver en Algérie et au Maroc, deux autres pays du Maghreb où la langue française se mélange parfois à celle arabe. Camélia me parle de transmission, notamment à travers la cuisine puisqu’elle me confie « la transmission de cette culture passe aussi beaucoup par la nourriture car on mange essentiellement des plats tunisiens ». 

« Chez nous là-bas » 

L’identité est un sujet qui me questionne et me passionne. Je me pose souvent des questions sur le fait d’être française tout en me sentant aussi pleinement algérienne. Avec le passé colonial franco-algérien, c’est parfois la schizophrénie dans ma tête et je demande alors à Camélia si c’est pareil côté tunisien, si parfois elle aussi se sent ni d’ici, ni de là-bas ou au contraire d’ici et de là-bas… Pour rappel, la Tunisie a également fait partie de l’empire colonial français entre 1881, avec le traité du Bardo, et 1956. Camélia Barbachi se raconte « J’essaye de m’informer de ce qu’il se passe en Tunisie tant que possible mais je dois dire que j’ai toujours ce sentiment de nostalgie vis-à-vis de la Tunisie parce que je me sens extrêmement proche de mon pays et à la fois, parfois très éloignée », la faute sûrement aux extrémistes de notre pays pour qui avoir une identité plurielle est vu comme un fardeau alors que c’est en réalité, ou du moins pour moi, l’une de nos plus grandes richesses ! Et c’est justement ce que la jeune femme veut véhiculer. À travers sa marque baptisée « Chez nous. », Camélia a « voulu célébrer cette ‘zone grise’ car il est souvent difficile de se sentir pleinement ‘l’un’ ou ‘l’autre’ ». Elle soulignait, à juste titre, « Je crois que ce constat est valable pour la double-culture mais également pour toutes les personnes qui ont le sentiment de ‘ne pas rentrer dans le moule’ à cause de leur identité ». Optimiste, elle assure qu’« Avec du recul et de la tolérance, je crois qu’il devient un peu plus facile de naviguer à travers cette identité plurielle » et je n’aurais pas dit mieux. 

Crédit : Chez Nous.

Mais c’est quoi un « Chez nous là-bas » au juste ? À l’instar de l’appellation d’« immigrés » en Algérie, Camélia m’explique que les « Chez nous là-bas » ne sont autres que les personnes d’origine tunisienne qui se rendent en Tunisie pour les vacances. Elle développe : « Les Tunisiens utilisent ce surnom pour nous qualifier, un peu comme on dirait ‘les touristes’. Il existe un équivalent de ce surnom taquin dans beaucoup de pays ayant un passé colonial ». Avant d’adopter définitivement ce nom pour sa marque, la jeune franco-tunisienne n’était pas sûre. Elle me confiait ses doutes « J’avais un peu peur qu’il puisse être mal interprété, qu’on me taxe de communautariste alors que je veux justement faire passer un message d’inclusivité » et d’ajouter « J’ai fini par accepter que mon projet ne parlerait peut-être pas à tout le monde mais que ce n’était pas grave ».

« J’ai puisé dans mes souvenirs et dans mes échanges avec mes grands-parents »

Camélia ne sort pas de nulle part et son envie de lancer sa marque était mûrement réfléchie. Quand je lui demande comment on monte sa propre marque à seulement 24 ans, elle me répond du tac au tac « Je m’étais un peu prédisposée à cette carrière. J’ai fait un MBA (Master of Business Administration) qui m’a permis d’accéder aux outils nécessaires pour devenir cheffe d’entreprise. J’ai rédigé une thèse qui visait à investiguer les façons de sensibiliser à la mode éthique. J’ai travaillé pendant 1 an en tant que Merchandiser pour une marque internationale et j’ai aussi fait une formation en école de Mode ». De quoi être bien armée pour se lancer à 100% dans l’aventure de l’entrepreneuriat qui n’est en rien une mince affaire comme elle le confie puisqu’« En pratique, il est quand même parfois très compliqué et fatiguant de tout gérer mais c’est à la fois très satisfaisant ». 

Pour sa première collection, Camélia Barbachi s’est inspirée principalement de l’île de Djerba et son mode de vie. Elle explique « J’ai puisé dans mes souvenirs et dans mes échanges avec mes grands-parents pour proposer une collection qui retranscrit les notions de confort et d’élégance qu’on retrouve dans les vêtements djerbiens et notamment la ‘blouza’ que j’ai revisitée ». Les modèles sont unisexes afin de « s’affranchir des diktats de la mode et de la société en général » et pour proposer « des vêtements qui s’adressent à tous et toutes sans restriction de genre ». Dans cette première collection, on découvrira également un bob, des chaussettes, un tote bag ou encore un t-shirt. Côté couleurs, « on retrouve beaucoup de terracotta cuivrée, cette couleur fait référence aux motifs qu’on retrouve sur la toge que portent les femmes à Djerba mais aussi aux paysages arides de mon enfance » me dit Camélia. Il y a aussi « le noir et la couleur sable qui sont les couleurs phares de la marque » car elle aime beaucoup cette association qui lui évoque « quelque chose de raffiné et d’élégant ». 

Crédit : Chez Nous.

Une marque éthique, c’est chic ! 

Avec Chez Nous, l’originaire de Roubaix place la barre très haut car hors de question de faire les choses à moitié. En se lançant dans ce projet ambitieux, la jeune femme compte marquer la mode de son empreinte et si possible en respectant l’écologie. Au sujet du processus de fabrication, Camélia joue la carte de la transparence et développait ainsi : « Je collabore avec un atelier de tricot zéro-déchet et un campus d’insertion professionnelle dans le nord de la France. L’insertion permet à des personnes issues de parcours difficiles – jeunes déscolarisés, femmes isolées, migrants ou encore personnes issues de parcours carcéral – d’avoir un cadre professionnel qui les inclut à nouveau dans la société ». On lui tire notre chapeau ! 

Et côté Tunisie alors ? « Je collabore avec un atelier certifié GOTS situé à Ksar Helal. Cette certification – la plus stricte de l’industrie – garantit conditions de travail et salaires justes mais également le respect de l’environnement à travers l’interdiction de substances toxiques, le traitement des eaux usées ou encore la minimisation et le recyclage des déchets pré-consommation » ajoute-elle. Camélia persiste et signe : « Il était primordial pour moi de faire fabriquer en France et en Tunisie pour avoir un impact dans mes deux pays malgré les difficultés que cela peut comporter ». On soulignera également le fait que les personnes choisies pour représenter sa première collection nous ressemblent (enfin) ! La fondatrice de Chez Nous rappelle « qu’il est extrêmement important de donner de la visibilité aux ‘minorités visibles’ simplement pour normaliser notre existence. J’aimerais qu’on arrête de voir un.e Maghrébin.e qui réussit comme une exception ou comme quelqu’un qui a dû s’assimiler » et de faire remarquer que « les Maghrébins sont sous-représentés comme la plupart des personnes issues de l’immigration » ce qui peut « créer des troubles importants (…) lorsque l’on ne se reconnaît pas dans les représentations publiques et qu’on est constamment renvoyé à des clichés »… Camélia a opté pour le financement participatif afin de se faire connaître et rendre viable son projet. Vous pouvez découvrir toute la collection de Chez Nous. en cliquant ici !

Journaliste et fondatrice de thedaybriefing.com

Comments
  • Nadia

    Bon courage et bonne continuation.

    5 novembre 2021
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