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Déconfinée ?

La fin du confinement a officiellement sonné. Je ne pensais pas ressortir si tôt et pourtant me voilà avenue des Champs-Elysées. Je vous écris ces mots assise sur un banc parisien. 

Première fois que je reprends le métro depuis bien longtemps. J’achète un carnet de tickets, je paye en carte bancaire parce que ça fait un moment que je n’ai plus de billets. Un homme demande un masque au guichet de la RATP. Le métro arrive dans 1 minute, je cours. Je descends les marches 2 à 2, les portes du métro sonnent mais ne se ferment pas. Je fais un signe de la main pour dire merci au conducteur. Maintenant, grand dilemme : je m’assoie ou je reste debout ?

Masques et protections hygiéniques, même combat ?

Je choisis de m’assoir en faisant attention aux étiquettes collées aux sièges pour respecter la distanciation. Tout le monde ne porte pas de masque dans mon wagon, pourtant je le pensais obligatoire. J’étouffe sous le mien que j’ai acheté en tissu pour le laver après chaque sortie. D’ailleurs, on en parle du prix des masques en papier ? Dans la pharmacie où j’en ai acheté 10, « au cas où », la dame m’annonce 9,50€. Incroyable de se dire qu’en réalité ces masques ne coûtent que quelques centimes à produire… mais bon, vous me direz que c’est la loi de l’offre et la demande qui s’applique comme pour tout bien ou denrée très convoitée. Je pense d’ailleurs que les masques en papier devraient être donnés gratuitement car tout le monde n’a pas forcément les moyens de s’en procurer. Cela dit, je trouve que cette pensée peut permettre une prise de conscience pour certains. Comme moi, les personnes qui souhaiteraient la gratuité des masques font remarquer que c’est quelque chose dont on ne peut pas se passer. Dans ma tête, les liens se font et se défont aussi vite qu’un battement de cil et je pense alors aux protections hygiéniques dont les femmes ne peuvent pas non plus se passer. Pourtant, peu nombreux sont ceux à s’offusquer de leur coût. N’oublions pas que selon des chiffres avancés par l’Institut français d’opinion publique (IFOP) qui a mené, en 2019, un double sondage national sur la précarité hygiénique à la demande de Dons Solidaires (une association qui s’occupe de la collecte dans les entreprises des invendus non alimentaires et les redistribue aux plus démunis), 28% des femmes françaises affirment faire l’impasse sur l’achat de serviettes hygiéniques, faute de moyens. Cette étude était composée de deux échantillons : la population française, mentionnée dans l’enquête comme « grand public » et un autre échantillon, exclusivement composé de personnes en situation de précarité. Tout ça pour dire que les masques devraient être aussi gratuits que les protections hygiéniques mais ce dernier débat n’anime pas autant la population puisqu’il n’en touche qu’une partie… les femmes. 

« Les masques, c’est pour les paranos »

Mais revenons-en donc à nos fameux masques pas toujours présents sur les visages des passagers du métro. Un monsieur qui parle très fort dans le wagon en discute justement avec la personne assise en face de lui. Je m’empresse d’ouvrir les notes de mon téléphone pour retranscrire ses dires. Selon lui, « les masques, c’est pour les paranos. Tu vois, moi, je n’en porte pas et pourtant je vais bien. » La personne en face qui, quant à elle, porte un masque, acquiesce. On arrive à ma station, je me lève ainsi que d’autres personnes et nous attendons l’arrêt du métro. Il s’arrête et la dame à côté de moi, plus proche de la porte n’appuie pas sur le bouton pour l’ouvrir. Alors, je lui lance un léger regard entre incompréhension et questionnement. Elle baisse les yeux. J’ouvre finalement la porte et elle descend aussi. Je comprends qu’elle ne souhaitait pas toucher le bouton sujet à moult microbes à force d’être caressé à longueur de journées. Je descends donc, puis je marche dans le long couloir de la station Concorde qui mène à la ligne 1. Les gens avancent avec la même frénésie pré-COVID19, si ce n’est avec plus de rapidité. Pour un jour férié, il y a peu de monde dans le métro. J’arrive à la station George V et là, c’est la folie. Je suis surprise de voir autant de personnes sur l’avenue des Champs-Élysées. Je n’y crois pas. Encore une fois, beaucoup ne portent pas de masques. Des bandes de potes avancent ensemble, des couples se donnent la main, d’autres font la queue devant les boutiques. Bref, hormis ce dernier point et les masques que portent certains, les choses semblent être redevenues comme avant. 

« Ça sera tout ? »

La société de consommation a repris ses droits. Je fais à mon tour la queue. J’attends de pouvoir entrer dans la boutique d’une célèbre marque de haute couture. Derrière moi, deux jeunes filles discutent. Elles parlent de mes Converse qu’elles trouvent moches et l’une dit à l’autre qu’elle ne pourrait pas porter « ça ». Je ris intérieurement, parce que le masque est sur ma bouche pas sur mes oreilles et je me dis donc qu’elles doivent se douter que je les entends mais passons. Les gens entrent au compte-goûte. Je me retourne rapidement parce que je suis curieuse de savoir qui parle. L’une des deux jeunes filles porte un masque, l’autre non. Je présume que cette dernière sort un masque de son sac puisqu’elle part dans un monologue où elle explique à son amie que la boîte à gants de sa voiture est pleine de masques, je souris face au jeu de mots. L’attente continue et le logorrhée aussi. Elle raconte qu’à son travail, on lui donne beaucoup de masques qu’elle ne porte pas parce que les enfants dont elle s’occupe n’en ont pas et qu’elle n’a pas envie de leur faire peur en étant la seule à en porter. Je pense aux tristes images de ces enfants retournés à l’école après le confinement et qui jouaient dans une cour où des carrés avaient été tracés au sol pour respecter la distanciation sociale. Bref. C’est à mon tour d’entrer et quand je dis à la vendeuse que je viens pour une simple personnalisation, elle me demande limite déçue « ça sera tout ? » Encore une fois, il y a un monde fou et je ne peux en réalité pas blâmer ces gens puisque je suis à la même enseigne qu’eux. Je décide, pour rentrer chez moi, de marcher au maximum afin de dégourdir mes jambes qui ont perdu l’habitude de marcher et qui me font ressentir les kilos en trop pris ces derniers mois. Alors, j’observe ce qui m’entoure comme j’aime si bien le faire. J’aperçois des masques jetés par terre, des mouchoirs usagers, des tickets de caisse de chez McDonalds et je me dis que certains n’auront donc rien retenu de la pandémie que que je considère comme étant une énorme leçon. Je pensais sincèrement que ce virus nous remettrait les pendules à l’heure, et que les Français en ressortiraient meilleurs mais quel dur labeur d’apprendre de ses erreurs…

Journaliste et fondatrice de thedaybriefing.com

Comments
  • Cerise

    Une petite erreur à belle. « Battement de cils » à part si c’était voulu. Voilà. J’ai aimé lire ton article ! Bonne continuation 🙂

    21 mai 2020
    • thedaybriefing

      Bonjour,

      Merci beaucoup pour ton commentaire ! C’est modifié et ça me fait plaisir de savoir que cet article t’a plu. Très belle journée à toi 🙂 Kahina

      22 mai 2020

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