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Adieu monsieur le professeur — مع السلامة يا استاذ

Ça y est, c’en est fini des cours pour moi. Après sept ans d’exposés, de procrastination et de cours passionnants, je tire ma révérence. Adieu l’université, adieu monsieur le professeur, je ne vous oublierai jamais… 


Vous n’avez peut-être pas encore connu ce sentiment puisque vous retournerez sûrement sur les bancs de la fac, du lycée ou même d’ailleurs, à la prochaine rentrée scolaire. Pour moi, je crois bien que c’est fini, je crois bien que je m’apprête à dire adieu à ma vie d’étudiante à l’université. Après sept ans d’exposés, sept ans que je révise mes examens au dernier moment et que je m’en sors plutôt bien (ne prenez pas exemple), sept ans que j’ai hâte chaque matin d’aller en cours, je tire ma révérence. Je pensais dire au revoir aux bancs de la fac, il y a déjà deux ans, après l’obtention de mon Master 2. Pourtant, à la rentrée suivante ce n’est pas dans mon nouveau bureau que je me suis installée mais bien sur la chaise d’un amphithéâtre de la Sorbonne Nouvelle. Je voulais ajouter une corde à mon arc, enfin c’est l’excuse à laquelle je voulais croire alors qu’en réalité j’étais juste inquiète pour mon avenir professionnel. La fin de l’année arrivée, je me suis promis que c’était fini et que ma trousse pleine de stylos de toutes les couleurs et mes bloc-notes à spirale allaient enfin rencontrer mes cahiers que j’archive, avec soin, depuis la primaire dans la partie supérieure de mon armoire. L’histoire aurait pu s’arrêter là mais devinez quoi ? J’ai rempilé pour une année supplémentaire. Une septième année, donc. 

«  Karim étudie à l’université — يدرس كريم في الجامعة » 

Ces mots sont tirés de la première leçon du manuel d’arabe que j’ai utilisé cette année. Je me souviens d’ailleurs de mon premier jour de cours à la fac. Un mardi à 14h. Je portais un jean, des sandales à lanières et un chemisier noir avec des fleurs que j’avais achetés quelques semaines plus tôt, pendant mes vacances, en Espagne. Qui n’a pas déjà acheté de nouveaux vêtements pour la rentrée scolaire ou pour un nouveau job et n’a pas eu hâte de les porter, à tel point qu’il imaginait, la veille, dans son lit comment cette tenue lui irait ? Je dois vous avouer que chaque année, à l’approche de la rentrée, une exquise excitation s’empare de tout mon être à l’idée de retourner à la fac, de découvrir de nouvelles choses, d’apprendre, d’échanger et de faire de nouvelles rencontres. Je ne savais pas encore exactement dans quoi je m’embarquais en septembre 2018. Cela dit, je dois avant toute chose vous préciser que je parle couramment un dialecte arabe, ce qui m’a beaucoup aidée. Je dois également reconnaître que j’aurais très bien pu apprendre à lire et écrire la langue arabe seule. Chaque année, je me disais « Ça y est, c’est la bonne ! ». Je me promettais d’acheter des livres et de devenir une as de la lecture et de l’écriture. C’était sans compter sur la procrastination qui s’est mise en travers de mon chemin… Et puis, je pense qu’au fond de moi j’avais besoin que mon apprentissage soit encadré afin d’être sûre de ne pas me laisser aller. Comprenez-moi, j’ai pratiquement passé ma vie, jusqu’ici, à étudier. C’est comme si j’étais programmée à étudier et que tout apprentissage devait passer par un encadrement.

«  Je t’aime et j’aimerais pouvoir t’oublier — اهواك و اتمنى لو انساك  »

Avant de commencer à apprendre l’arabe, deux camps s’affrontaient dans mon entourage : ceux qui me disaient que ça allait être trop dur (n’écoutez jamais ceux qui tentent de vous décourager) et les autres qui m’encourageaient et qui soulignaient que quand on a vraiment envie de faire quelque chose, on peut (صحيح) ! Alors voilà, ce premier mardi de cours a été formidable et j’ai su que j’étais au bon endroit dès la première demi-heure. Le cours du jeudi me l’a confirmé et chaque semaine qui passait me confortait dans mon choix de me lancer dans cette nouvelle année d’initiation à la langue arabe. J’ai eu des professeurs formidables. Ce charisme, cette intelligence, cette richesse d’esprit et de connaissances ! J’ai énormément appris à leurs côtés et je pense que le charme de cette année n’aurait pas été le même sans eux. Pour moi, apprendre l’arabe, revenait à enrichir ma maîtrise orale, à pouvoir lire et écrire ce que je savais déjà dire et j’ai eu bien plus. Je vous écris, le 26 mai 2019, soit à +1 jour de la fin de cette année scolaire qui s’est conclue en beauté avec une dissertation de 4h sur « L’Egypte au Moyen-Orient et dans le monde arabe de 1948 aux révolutions arabes ». Je fais à chaud le bilan de cette année et je me sens submergée de satisfaction et des souvenirs de tout ce que j’ai eu la chance d’apprendre et de découvrir. A l’occasion d’un voyage scolaire au Maroc, j’ai rencontré des personnes formidables et j’ai découvert des paysages admirables. Et puis maintenant, je peux chanter, correctement, la chanson du légendaire chanteur égyptien Abdel Halim Hafez, » اهواك — Je t’aime », que ma mère n’avait de cesse de me chantonner quand j’étais plus jeune. Je suis peut-être à la fin d’un épisode de ma vie, d’une expérience mais contrairement à lui, j’aimerais pouvoir ne jamais t’oublier…

Journaliste et fondatrice de thedaybriefing.com

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